En amont de la Journée internationale des femmes, le nouveau rapport d’ONU Femmes avertit que les progrès accomplis pour l’égalité des sexes sont à la traîne et que les avancées durement obtenues sont menacées.

Faisant écho au thème de l’année 2020 : « Je suis de la Génération Égalité : levez-vous pour les droits des femmes », le rapport lance un appel à l’action afin de parvenir à l’égalité des sexes et à la justice pour cette génération, 25 ans après la Conférence de Beijing.

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En amont de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, ONU Femmes a lancé aujourd’hui son rapport « Women’s Rights in Review 25 years after Beijing » (Bilan sur les droits des femmes 25 ans après Beijing), qui dresse un état des lieux complets de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing – le programme le plus complet à ce jour en faveur de l’égalité des sexes jamais approuvé.

Le rapport constate que les progrès accomplis pour l’égalité des sexes s’affaiblissent et que les avancées durement obtenues sont en train de s’inverser. Les inégalités généralisées, l’urgence climatique, les conflits et la montée alarmante des politiques d’exclusion menacent l’ensemble des avancées à venir en matière d’égalité des sexes. Le rapport signale le manque d’action efficace pour stimuler la représentation des femmes dans les arènes du pouvoir et avertit que la vision de Beijing ne sera jamais réalisée si les femmes et les filles les plus exclues ne sont pas reconnues et mises en avant.

Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, a déclaré : « Le bilan sur les droits des femmes montre que, malgré certaines avancées, aucun pays n’a atteint l’égalité des sexes. L’égalité, ce n’est pas un quart des sièges des arènes du pouvoir seulement. Il s’agit pourtant de la réalité actuelle de la représentation des femmes, dans tous les domaines. Les hommes représentent 75 pour cent des parlementaires, 73 pour cent des postes de direction, 70 pour cent des négociateurs sur le climat et presque tous les artisans de la paix. Le monde n’est pas inclusif et égalitaire, et nous devons agir maintenant pour faire en sorte qu’il ne soit plus discriminatoire à l’égard des femmes. Seule la moitié représente une part égale et seule l’égalité est suffisante ».

En dépit des défis mondiaux sans précédent, le rapport prouve également qu’un changement positif est possible, comme le montre le succès de l’action collective des femmes pour obtenir que les responsables des crimes perpétrés à leur encontre rendent des comptes, et l’essor des mouvements féministes à travers le monde. Le rapport présente des initiatives efficaces dans l’extension des services publics pour répondre aux droits des femmes, depuis l’augmentation de l’accès à la contraception et aux services de garde des enfants jusqu’à la réduction de la violence conjugale et l’augmentation de la participation des femmes à la vie politique ainsi qu’à la consolidation de la paix.

Le rapport est basé sur le rapport du Secrétaire général des Nations Unies, qui est le bilan le plus complet et le plus participatif jamais réalisé sur les droits des femmes, auquel 170 États membres ont contribué.

Le rapport révèle que des progrès ont été accomplis en matière de droits des femmes et des filles depuis l’adoption du Programme d’action de Beijing. La proportion de filles scolarisées est plus élevée que jamais auparavant, moins de femmes meurent en donnant naissance et la proportion de femmes dans les parlements à l’échelle mondiale a doublé. Au cours de la dernière décennie, 131 pays ont adopté des lois en faveur de l’égalité des sexes.

Pourtant, ces avancées ont été irrégulières et bien trop longues à venir :

  • Au niveau mondial, les progrès concernant l’accès des femmes à des emplois rémunérés se sont arrêtés ces 20 dernières années. Moins de deux tiers des femmes (62 pour cent) âgées de 25 à 54 ans font partie de la population active, contre plus de neuf hommes sur dix (93 pour cent).
  • Les femmes continuent d’assumer l’essentiel des soins et des travaux domestiques non rémunérés et sont en moyenne 16 pour cent moins payées que les hommes – cette différence atteint même 35 pour cent dans certains pays.
  • Près d’une femme sur cinq (18 pour cent) a été victime de violence de la part d’un partenaire intime au cours de l’année écoulée. Les nouvelles technologies alimentent de nouvelles formes de violence, comme le cyber-harcèlement, pour lesquelles les solutions politiques sont largement absentes.
  • 32 millions de filles ne sont toujours pas scolarisées.
  • Les hommes contrôlent toujours les trois quarts des sièges parlementaires.
  • Les femmes sont largement exclues des processus de paix, ne représentant que 13 pour cent des négociateurs et seulement 4 pour cent des signataires.

Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, a déclaré : « L’année 2020 offre une occasion sans précédent de changer la donne pour les générations actuelles et futures de femmes et de filles. Afin d’accélérer les progrès au cours de la décennie d’action des Nations Unies, ONU Femmes a lancé six coalitions d’action qui mobiliseront les gouvernements, la société civile, les agences des Nations Unies et le secteur privé pour produire des résultats révolutionnaires afin de faire progresser l’égalité pour les femmes et les filles. »

Pour susciter un changement systémique et durable, le rapport souligne la nécessité d’augmenter considérablement le financement de l’égalité des sexes, d’exploiter le potentiel offert par la technologie et l’innovation et de veiller à ce que le développement englobe les femmes et les filles confrontées à de multiples formes de discrimination.

2020 : une année marquante pour l’égalité des sexes

Le 25e anniversaire de la Conférence de Beijing fait de 2020 une année marquante pour l’égalité des sexes. La campagne multigénérationnelle d’ONU Femmes, Génération Égalité, suscite la mobilisation du public, exige la redevabilité et mène une action accélérée pour faire avancer les droits des femmes et l’égalité des sexes, y compris pour s’attaquer au travail inachevé de Beijing.

L’année 2020 mettra également à profit plusieurs moments galvanisants du mouvement pour l’égalité des sexes :

  • La 64e session de la Commission de la condition de la femme fera le point sur les progrès accomplis depuis la Conférence de Beijing de 1995.
  • Le Forum Génération Égalité se tiendra au Mexique en mai, et en France en juillet.
  • La réunion de haut niveau de la 75e Assemblée générale des Nations Unies sur l’égalité des sexes aura lieu en septembre.
  • Le 20e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité sera célébré en octobre.
  • L’étape quinquennale pour la réalisation des Objectifs de développement durable.
  • Le 10e anniversaire de la création d’ONU Femmes.

Célébration par l’ONU de la Journée internationale des femmes

La célébration par les Nations Unies de la Journée internationale des femmes 2020 aura lieu dans la salle de l’Assemblée générale du Secrétariat des Nations Unies à New York le vendredi 6 mars 2020. Elle réunira en un même lieu les prochaines générations de femmes et de filles leaders et les militantes pour l’égalité des sexes, ainsi que les défenseurs des droits des femmes et les visionnaires qui ont contribué à la création du Programme d’action de Beijing il y a plus de vingt ans.

L’événement célébrera les acteurs du changement, quels que soient leur âge et leur genre, et discutera de la manière dont ils peuvent s’attaquer collectivement à la tâche inachevée visant l’autonomisation de toutes les femmes et les filles dans les années à venir. La célébration réunira les plus hauts représentants du système des Nations Unies, y compris le Secrétaire général de l’ONU António Guterres et la Directrice exécutive d’ONU Femmes Phumzile Mlambo-Ngcuka, et promouvra un dialogue intergénérationnel avec des militantes de l’égalité des sexes âgées de 11 à 75 ans. L’événement comprendra également des spectacles musicaux de l’Ambassadrice de Bonne Volonté de l’UNICEF Mme Angelique Kidjo, lauréate des Grammy Awards et conférencière à l’événement, ainsi que des groupes « The Pihcintu Multicultural Chorus » et « Broadway Singers ».

Dans le monde

Des centaines d’événements et d’initiatives mobiliseront les gens pour exiger des progrès en matière de réduction de l’écart des sexes dans le monde entier. 90 marchés boursiers mondiaux sensibiliseront le public au rôle central que le secteur privé peut jouer dans la promotion de l’autonomisation des femmes en organisant une cérémonie d’ouverture des marchés financiers. Des projections de films dans les centres Oasis d’ONU Femmes des camps de réfugiés de Za’atari et Azraq en Jordanie seront organisées pour impliquer les femmes et les filles réfugiées, mais aussi les communautés d’accueil.

Un concours mondial de bandes dessinées et de dessins animés sur Beijing+25 et Génération Égalité sera lancé en partenariat avec la Belgique, la France, le Mexique et la Commission européenne, appelant la jeune génération à illustrer la façon dont elle se représente l’égalité des sexes. Au Zimbabwe, le chef d’un groupe religieux transmettra un message sur l’égalité des sexes qui sera diffusé dans les églises ; en Thaïlande, une exposition de photos « Women in Focus » (Gros plan sur les femmes) sera lancée en partenariat avec l’ambassade de France et l’Alliance française, et au Mexique, un marathon pour l’égalité des sexes sera organisé. 

À Bruxelles, l’Union européenne a également lancé #WithHer, une campagne d’engagement créatif de l’Initiative Spotlight visant à promouvoir l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, avec la présence de l’ambassadrice de bonne volonté régionale d’ONU Femmes, Jaha Dukureh.

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