La précarité menstruelle coûte trop cher : agissez pour y mettre fin

À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, le 28 mai, le mouvement de lutte contre la précarité menstruelle célèbre 10 ans d’action collective des femmes et des filles du monde entier.

Tous les mois, plus de deux milliards de personnes[1] dans le monde ont leurs règles. Bien qu’il s’agisse d’un phénomène à la fois naturel et sain, les menstruations interrompent la vie, les droits et les libertés de millions de femmes et de filles, parce qu’elles n’ont pas les moyens de s’acheter des produits menstruels ou d’avoir accès à des installations sanitaires et d’hygiène, et parce qu’elles manquent d’éducation et de connaissances pour gérer leur santé et leur hygiène menstruelles. Pour en savoir plus sur les causes de la précarité menstruelle et sur les personnes concernées, consultez cet explicatif.

La précarité menstruelle a de graves conséquences.

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La championne de la santé et de l’hygiène menstruelles, Payal Patel (photo de droite), est surnommée « Pad girl » (« fille-serviette hygiénique » d’Odisha. Elle a développé un ensemble de produits menstruels abordables et durables pour les femmes. Elle a également dirigé la campagne « Chuppi Todi » pour aider à sensibiliser le public, briser les tabous et encourager les discussions ouvertes et franches concernant la santé menstruelle.
La championne de la santé et de l’hygiène menstruelles, Payal Patel (photo de droite), est surnommée « Pad girl » (« fille-serviette hygiénique » d’Odisha. Elle a développé un ensemble de produits menstruels abordables et durables pour les femmes. Elle a également dirigé la campagne « Chuppi Todi » pour aider à sensibiliser le public, briser les tabous et encourager les discussions ouvertes et franches concernant la santé menstruelle. Payal a créé son propre matériel d'information, éducation et communication (IEC) à partager avec les adolescentes lors de ces réunions. Photo : UNICEF/Soumi Das

La précarité menstruelle porte atteinte à l’éducation des filles et des jeunes femmes

La précarité menstruelle a des coûts d’opportunité élevés. Les filles et les jeunes femmes du monde entier manquent des journées scolaires, car elles manquent des ressources nécessaires pour gérer adéquatement leur santé et leur hygiène menstruelles.

Près de deux millions de filles âgées de 14 à 21 ans au Royaume-Uni ont manqué une journée partielle ou entière d’école en raison de leurs règles, les règles étant la première cause de journées scolaires manquées avant toute autre raison. En Gambie, certaines filles ne vont pas à l’école pendant cinq jours par mois, faute d’avoir les moyens d’acheter des produits menstruels et accès à des installations sanitaires, ce qui équivaut à manquer un mois et demi d’apprentissage chaque année. Dans de nombreux pays, les filles prennent tellement de retard dans leurs devoirs scolaires qu’elles finissent par abandonner l’école.

Lorsque les filles et les femmes perdent leurs chances d’accéder à l’éducation, elles perdent des opportunités d’emploi à vie, elles sont privées de leur chance de réaliser leur potentiel et de contribuer à notre monde sur un pied d’égalité avec les hommes.

La précarité menstruelle a également des conséquences dangereuses et immédiates sur la santé des filles et des jeunes femmes, les poussant vers des mariages précoces et forcés, des abus sexuels ou des mutilations génitales féminines (MGF), car leur menstruation est assimilée à leur « passage à l’âge adulte ».  Des études au Kenya ont montré que des écolières se prêtent à des rapports sexuels monnayés pour avoir les moyens de s’acheter leurs produits menstruels, ce qui accroît leur risque d’infection par le VIH.

Mettre fin à la précarité menstruelle est possible - et urgent

La précarité menstruelle est une question de politique publique et budgétaire. En rendant les produits menstruels gratuits ou d’un coût abordable, en généralisant l’accès à des installations sanitaires sûres dans les écoles et les lieux de travail et en faisant évoluer les normes sociales pour lutter contre la stigmatisation, nous pouvons mettre fin à la précarité menstruelle.

Au Niger, ONU Femmes et ses partenaires ont aidé le gouvernement à inscrire la gestion de l’hygiène menstruelle dans la politique nationale relative au genre et le programme sectoriel pour l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Depuis, 14 plans locaux d’eau, d’hygiène et d’assainissement ont été adoptés et 500 millions de XOF (plus de 82 000 USD) ont été alloués dans le budget national pour répondre aux besoins en l’hygiène menstruelle. Ces politiques et mesures ont enfin brisé le silence autour de la santé menstruelle au Niger.

Les actions de plaidoyer pour mettre fin à la précarité menstruelle, dirigées par les femmes et les filles elles-mêmes, donnent des résultats prometteurs dans de nombreuses régions du monde. En 2020, l’Écosse est devenue le premier pays à distribuer des produits menstruels gratuits, notamment des options réutilisables. Le Kenya a commencé en 2004 à supprimer les taxes sur les produits menstruels ainsi que sur les matières premières pour leur production et, en 2017, à distribuer gratuitement des serviettes hygiéniques dans les écoles publiques. L’Afrique du Sud distribue gratuitement des serviettes hygiéniques jetables aux femmes et aux filles pauvres depuis 2019, et le Botswana met à disposition des serviettes hygiéniques gratuites dans les écoles publiques et privées.

D’autres pays comme l’Australie, le Canada, la Colombie, l’Inde, la Jamaïque, le Liban, la Malaisie, le Nicaragua, le Nigéria, l’Ouganda et Trinité-et-Tobago ont également abaissé, voire aboli, les taxes sur les produits menstruels.

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Moving the Goalposts in Kilifi, au Kenya, est une ONG dirigée par des femmes qui organise des programmes sportifs avec les jeunes, où sont abordées les questions d’hygiène et de santé sexuelle et reproductive. Photo : ONU Femmes/Ryan Brown
Moving the Goalposts in Kilifi, au Kenya, est une ONG dirigée par des femmes qui organise des programmes sportifs avec les jeunes, où sont abordées les questions d’hygiène et de santé sexuelle et reproductive. Photo : ONU Femmes/Ryan Brown

Cinq actions pour mettre fin à la précarité menstruelle

  • Soutenez les efforts de plaidoyer dans votre pays et votre communauté pour supprimer les taxes sur les produits menstruels et améliorer l’accès aux produits menstruels.
  • Financez des mouvements et des organisations féministes dirigés par des femmes et des filles qui luttent contre la précarité menstruelle.
  • Investissez dans l’amélioration des données sur la santé et l’hygiène menstruelles.
  • Rendez obligatoire l’éducation à la santé et à l’hygiène menstruelles dans les programmes scolaires, par exemple, par une éducation sexuelle complète.
  • Participez aux discussions en ligne en utilisant #PeriodFriendlyWorld et dans les espaces communautaires, les écoles et les lieux de travail, pour sensibiliser le public, briser les idées fausses et éradiquer la stigmatisation. Consultez les ressources de la campagne disponibles sur https://www.menstrualhygieneday.org/.

Note

[1] Les données existantes sur la santé menstruelle concernent généralement les adolescentes et les femmes âgées de 15 à 49 ans. À l’échelle mondiale, ce groupe d’âge comprenait près de 2 milliards de femmes en 2022. Cependant, les personnes non binaires et trans ont elles aussi des règles.