Pour TOUTES les femmes et TOUTES les filles : Adelle Onyango à propos du pouvoir des femmes dans les médias

#PourToutesLesFemmesEtLesFilles est un appel à l’action à l’occasion du 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Adelle Onyango, du Kenya, parle des femmes dans les médias et de l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles.

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Adelle Onyango (en marron) interagit avec un invité lors d’un tournage pour son podcast Legally Clueless, à Nairobi. Photo : ONU Femmes/James Ochweri
Adelle Onyango (en marron) interagit avec un invité lors d’un tournage pour son podcast Legally Clueless, à Nairobi. Photo : ONU Femmes/James Ochweri

Amplifier la voix des femmes africaines

Adelle Onyango, conteuse chevronnée qui compte à son actif plus de 10 ans d’expérience en tant que présentatrice et productrice pour la radio, dirige une plateforme médiatique : Legally Clueless Africa, qui relaie des récits venus d’Afrique et organise des interventions sur le bien-être.

« Pour moi, raconter des histoires est un moyen non seulement de donner un plus grand retentissement au récit africain mondial, mais aussi de parler de problèmes sociaux complexes comme la violence basée sur le genre, et ce, d’une manière qui suscite l’empathie et une volonté de changement », explique-t-elle.

Âgisme, harcèlement sexuel et discrimination à l’égard des femmes dans les médias

Adelle Onyango fait observer que la sous-représentation des femmes dans les médias et les entreprises constitue un problème majeur. Elle-même a été sous-estimée en raison de son âge – elle a 35 ans - et de son sexe.

« Il est difficile d’avoir des argumentaires convaincants devant des interlocuteurs qui me voient seulement comme une jeune femme africaine, qui par conséquent ne sait pas de quoi elle parle », explique-t-elle.

« Et parfois, j’ai dû faire face au harcèlement sexuel d’hommes en position de pouvoir. »

En dépit de ce contexte difficile, Adelle Onyango s’est entourée d’une équipe solide et de toute une communauté de femmes africaines entrepreneures qui soutiennent ses efforts – ce qui est en soi un accomplissement majeur.

Selon le Bureau national des statistiques du Kenya (KNBS), si les femmes représentent environ 35 % de la main-d’œuvre dans le secteur des médias, elles n’occupent toutefois que 20 % des postes de direction éditoriale. En 2024, un rapport de l’Association des femmes dans les médias au Kenya (AMWIK) a montré qu’environ 60 % des professionnels des médias, principalement des femmes, ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel au cours de leur carrière. Pas moins de 87,3 % des répondantes à l’enquête ont cité la crainte de représailles comme obstacle majeur à la lutte contre le harcèlement sexuel, et 64 % d’entre elles estiment que les politiques actuelles ne suffisent pas pour l’endiguer.   

Renforcement des lois et soutien aux survivantes de la violence à l’égard des femmes au Kenya

Adelle Onyango plaide en faveur de lois plus sévères et d’une meilleure application de celles-ci pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles. Elle souligne les lacunes persistantes dans l’accès à la justice et l’émergence de nouvelles formes de violence, comme la violence à l’égard des femmes, facilitée par les technologies.

« En tant que survivante de viol, je constate qu’il n’existe toujours pas de mécanismes pour aider les survivantes à accéder à la justice dans mon pays. L’application de nos lois manque toujours de mesures de collecte et de préservation des preuves et nos forces de police sont désensibilisées et il arrive souvent qu’elles traumatisent à leur tour les survivantes, voire pire », dit-elle.

La Déclaration et le Programme d’action de Beijing : étape importante en faveur des droits des femmes, au bilan en demi-teintes

C’est par sa mère, aujourd’hui décédée, qu’Adelle Onyango a entendu parler pour la première fois de la Déclaration de Beijing, alors qu’elle était à l’école primaire. « Pour la première fois, une femme connue était candidate à la présidence du Kenya et ma mère s’en réjouissait. Je me souviens juste qu’elle répétait en kiswahili : « C’est grâce à Beijing ! C’est grâce à Beijing ! » La Déclaration et le Programme d’action de Beijing – souvent cités sous le seul nom de « Beijing » - en sont venus à représenter la libération des femmes, explique Adelle Onyango.

Elle considère l’accord de 1995 adopté par 189 pays à la fois comme un jalon important et comme un rappel des défis qu’il reste à surmonter. Bien qu’il ait acté la notion selon laquelle « les droits des femmes sont des droits humains », il n’en reste pas moins que de nombreux enjeux qu’il entendait résoudre, comme la grossesse chez les adolescentes, l’égalité des chances pour les femmes et la violence basée sur le genre, persistent aujourd’hui.  De nouvelles formes de violence sont également apparues, comme celle facilitée par les technologies, et partout dans le monde, les lois tardent à s’adapter pour les reconnaître et les criminaliser en conséquence.

Pour toutes les femmes et toutes les filles… Émancipation, dignité et sécurité

Adelle Onyango est optimiste et se sent motivée pour continuer à aller de l’avant, forte de la conviction qu’il y a plus de gens bienveillants que malveillants. « Je veux l’émancipation, la dignité et la sécurité de toutes les femmes et toutes les filles. J’ai constaté par moi-même la mutation profonde que ces valeurs peuvent induire. Notre société tout entière serait meilleure si les femmes et les filles bénéficiaient de ces trois valeurs fondamentales », dit-elle.

Adelle Onyango s’associe à ONU Femmes pour des campagnes de plaidoyer sur l’égalité des sexes et les droits des femmes.

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