Les forces armées et de sécurité malienne renforcent leurs capacités sur la protection des femmes et des enfants en situation de conflit

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« Je ne savais pas qu’un militaire pouvait ou devait jouer un rôle de protection et d’assistance, à la population civile, particulièrement les femmes et les enfants qui sont les plus vulnérables et exposés pendant les conflits » dit un Sergent dans la zone de Mopti, au Nord de Mali.

Il fut parmi les premiers 365 soldats qui ont déjà suivi un programme de renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité. Traitant sur la protection des femmes, des enfants et le droit humanitaire international, le Ministère de la Défense — à travers l’État-major Général des Armées – déroule le programme en partenariat avec ONU Femmes, quatre autres agences des Nations Unies, et le gouvernement des Pays-Bas.

La vue d’une rangée durant la formation des gardes républicaines dans lasalle de formation au Centre International de Conférence de Bamako, le 29 Janvier 2013. Crédit photo: ONU Femmes
La vue d’une rangée durant la formation des gardes républicaines dans lasalle de formation au Centre International de Conférence de Bamako, le 29 Janvier 2013. Crédit photo: ONU Femmes

Redéployé après sa formation, le Sergent atteste que « Pour moi les modules pertinents ont été les violences faites aux femmes et aux filles. En ma qualité de militaire je ne pouvais jamais imaginer qu’un homme serait capable de violer une fille individuellement ou collectivement, encore moins des mineurs. … J’ai acquis beaucoup de connaissance, notamment sur le Droit Humanitaire International. »

Le programme vise à former 4.000 forces de défense et de sécurité et à sensibiliser 20.000 militaires sur le front sur les notions essentielles relatives à la protection des femmes, des enfants et le droit humanitaire international. Les thèmes abordés durant les formations sont : (1) Le code de conduite militaire et les relations civil-militaires ; (2) Les aspects genre et les résolutions internationales sur les femmes, la paix et la sécurité, (3) Le droit international humanitaire et la protection des populations, notamment des femmes ; (4) Le droit international humanitaire et la protection des enfants ; (5) Les violences basées sur le genre, notamment les violences sexuelles en situation de conflit ; (6) Le VIH/SIDA et les IST en situation de conflit.

Le programme a rencontré l’adhésion de toute la hiérarchie militaire. Les droits de femmes et la thématique du genre apparaissent désormais comme une nécessité suite à la reconquête des régions du Nord depuis le 9 Janvier 2013. Depuis le 18 Janvier 2013, les formations des troupes ont commencé avec la Garde républicaine, l’armée de l’air, l’armée de terre, la Gendarmerie et le Génie militaire.

Selon le Commandant Aminata Diabaté, Point Focal de Genre de la Section de Droit Humanitaire « Le niveau d’assimilation par les éléments est plus que satisfaisant. Les agents qui ont été déployés sont actuellement à Sévaré, Markala, Gao et Douentza. On est en contact avec eux, ils nous donnent des informations et sur la base des informations reçues … ils se comportent de la façon la plus humaine et appliquent les notions apprises tout en donnant les informations à ceux qui n’ont pas bénéficié de ces sessions ».

Une vue des militaires de l’armée de terre après une formation à l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Beye de Bamako, le 20 Janvier 2013. Crédit photo: ONU Femmes / DIRPA
Une vue des militaires de l’armée de terre après une formation à l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Beye de Bamako, le 20 Janvier 2013. Crédit photo: ONU Femmes / DIRPA

Pour éviter les exactions et autres comportements contraire à l’éthique, l’Etat-major veille à la formation des troupes avant leur déploiement sur le terrain. L’un des soldats formé qui se trouve dans la région de Gao joint par téléphone dira « La formation nous a été très utile. A l’heure où je vous parle nous avons récupéré neuf enfants soldats enrôlés par les djihadistes qui sont avec nous dans le respect des droits des enfants édictés par les différentes conventions (…) Nous sommes engagés à respecter et faire respecter toutes les règles du droit international humanitaire. Et de cela nous en sommes fiers aujourd’hui ».

Le Colonel Major Solomane Bamba, Chef d’État-major de l’Armée de l’Air estime pour sa part qu’ « au moment où le Mali et ses alliés sont en train de restaurer son intégrité territoriale, les questions de droit international humanitaire restent vives et la protection des femmes et des enfants  dans les conflits armées d’actualité ».

Ce programme s’inscrit dans le mandat humanitaire d’ONU Femmes, qui vise au renforcement des forces armées et des missions de maintien de la paix, sur la prévention des violences sexuelles et violences basées sur le Genre ainsi que les droits humains et les droits de la femme en situation de conflit. Le bureau d’ONU Femmes au Mali a mobilisé autour de cette initiative quatre autres agences des Nations Unies, à savoir UNICEF, UNFPA, ONUSIDA, HCR.  La formation continue au cours de ce premier trimestre 2013 et va être intensifié à l’endroit des Militaires qui sont déjà sur le terrain.