Prévenir le décès des mères lorsqu’elles donnent la vie
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« L’essentiel de mon travail consiste à pratiquer des accouchements. Dans notre centre médical, on assiste en moyenne à 120 accouchements par mois, parmi lesquels on compte deux ou trois décès. Nous faisons cependant tout notre possible pour éviter qu’une telle situation ne se produise. » déclare Fatmata Condé, qui poursuit ses études de sage-femme dans la localité de Donka en Guinée. Elle a été formée par ONU Femmes à la prise en charge des complications liées à la violence, durant la grossesse et l’accouchement.
Fatmata s’efforce de veiller à ce que les accouchements se déroulent sans danger, sauvant ainsi souvent la vie de la mère et de l’enfant. Elle est l’une des nombreuses sages-femmes participant au programme conjoint mis en place par ONU Femmes – en partenariat avec le FNUAP, l’UNICEF et l’OMS – pour réduire la mortalité maternelle et infantile en République centrafricaine, au Tchad, en Guinée, en Haïti, au Mali, au Niger et au Togo.
Selon le Rapport sur les objectifs du Millénaire pour le développement 2012 du Secrétaire général des Nations Unies, on estime à 287 000 le nombre de décès maternels en 2010. Même si le taux de mortalité maternelle (nombre de décès maternels pour 100 000 naissances) a diminué entre 1990 et 2010 dans l’ensemble des régions en développement, il reste encore 15 fois plus élevé que dans les régions développées.
Des données présentées au cours du Sommet sur le planning familial en 2012, ont souligné que 220 millions de filles et de femmes des pays en développement, souhaitant éviter une grossesse, n’ont pas accès à des moyens de contraception modernes, à l’information et aux services. Ceci a pour conséquence plus de 60 millions de grossesses non désirées par an. Les filles et les femmes sont ainsi exposées au risque de décès ou de handicap durant la grossesse, l’accouchement ou les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité.
Ce programme conjoint des Nations Unies sur cinq ans (2012-2016) avec l’appui du Fonds Français de l’Initiative Muskoka, mis en place dans sept pays, renforce les efforts visant à réduire la mortalité maternelle et infantile. Il met en exergue les liens existants entre la violence à l’égard des femmes et la santé maternelle. Il fait la promotion de financements pour la santé maternelle par le biais d’une budgétisation et d’une planification tenant compte du genre, et permet la formation des sages-femmes et du personnel de santé communautaire.
« La formation organisée par ONU Femmes s’est avérée très utile car nous avons appris qu’en aidant les femmes victimes de violence, nous venions à la fois en aide aux femmes et aux enfants. Nous avons appris à porter assistance aux femmes et à leur dispenser des soins médicaux. Aujourd’hui, quand une femme vient ici, elle bénéficie d’un test de dépistage du VIH/sida, d’un test de grossesse. Et, dans le cas d’un viol, nous sommes en mesure de lui fournir une pilule contraceptive d’urgence. Nous pratiquons aussi des tests de dépistage de l’Hépatite B et du Tétanos. Nous signalons également le cas à la police et contribuons à la rédaction d’un rapport médico-légal qui permettra aux femmes d’avoir accès à la justice », ajoute Fatmata.
Au même temps, ONU Femmes fait partie d’un effort plus vaste des Nations Unies, connu sous le nom de « L’Initiative H4+ » (H4+), qui s’attache à accroître les progrès réalisés pour sauver la vie des mères et des nouveau-nés, et à accélérer les progrès accomplis en faveur de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement en assurant un meilleur accès aux dispositifs de santé pour les femmes, en combattant les causes profondes de la mortalité maternelle, telles que l’inégalité des sexes, la violence à l’égard des femmes, un accès limité à l’éducation-particulièrement pour les filles, le mariage précoce, la grossesse chez l’adolescente.
Il ne fait aucun doute que les objectifs du Millénaire pour le développement ont déjà atteint des résultats significatifs et ont eu un impact positif sur la vie de milliards de personnes. L’OMD 5, axé sur l’amélioration de la santé maternelle, est l’un des huit objectifs, qui accuse un sérieux retard. Malgré des progrès importants, sa mise en œuvre sur le terrain est loin de l’objectif fixé de réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle au niveau mondial.
L’amélioration de la santé maternelle repose sur différents facteurs : la présence d’un agent de santé qualifié lors de l’accouchement, des équipements médicaux de qualité, mais aussi la nécessité de faire avancer les droits des femmes, d’écouter leur voix, de respecter le choix des femmes. Les filles qui ont reçu une éducation tendent à se marier plus tard et à avoir des familles plus petites et en meilleure santé. Les femmes instruites sont en mesure de reconnaître l’importance des soins de santé. Un enfant dont la mère sait lire a 50 pour cent de chances supplémentaires de survivre au-delà de l’âge de cinq ans.
Plus nous pourrons agir pour que les droits des femmes soient respectés, plus les taux de décès des mères durant la grossesse, les avortements, et les taux de grossesse à l’adolescence diminueront.
Un décès qui aurait pu être évité est un décès de trop.