Je suis de la Génération Égalité : Racha Haffar, militante contre la traite des êtres humains

Chaque jour, un peu partout dans le monde, des milliards de personnes choisissent de se placer du bon côté de l’Histoire. Elles s’expriment, prennent position, se mobilisent et entreprennent des actions, grandes ou modestes, pour faire avancer les droits des femmes. Elles appartiennent à la Génération Égalité.

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Je suis la Generation Egalite
Racha Haffar, member of UN Women’s Beijing+25 Youth Task Force, talks about why she is part of #GenerationEquality. Photo: UN Women/Ryan Brown
Racha Haffar. Photo: ONU Femmes/Ryan Brown

Je suis de la Génération Égalité parce que...

Je veux créer un monde meilleur où tout le monde vit sur un pied d’égalité et est respecté, quels que soient son genre, son sexe et son orientation sexuelle. Je n’arrive pas à croire qu’au XXIe siècle, nous luttons encore pour l’égalité des sexes.

Nous devons mettre un terme au patriarcat !

Trois mesures que vous pouvez prendre dès aujourd’hui pour mettre fin à la traite des êtres humains :

Je suis moitié syrienne et moitié tunisienne. Je suis née et ai grandi à Dubaï. Issue d’un milieu conservateur, j’ai remarqué en grandissant que les hommes de mon entourage, dont mes frères, vivaient leur vie comme ils l’entendaient, en toute liberté, mais qu’il en allait autrement pour les filles.

J’ai ressenti l’envie de résister depuis mon enfance. Je voulais que les filles aient le pouvoir de vivre pleinement leur vie.

Quand j’ai obtenu une bourse pour partir étudier en Angleterre et que j’ai eu besoin d’un peu plus d’argent, j’ai postulé en ligne pour des emplois de jeune fille au pair.

J’ai commencé à recevoir des offres de familles potentielles. Elles m’ont dit qu’elles aimaient mon profil ; elles m’ont demandé de venir dès que possible et de leur envoyer mes papiers et m’ont dit que l’avocat s’occuperait de tout. Quand j’ai demandé à parler par vidéoconférence à la famille et aux enfants dont j’étais censée m’occuper, on m’a répondu qu’ils étaient trop occupés.

J’ai compris que quelque chose n’allait pas.

J’étais privilégiée : j’étais éduquée et avais accès à Internet. J’ai fait des recherches en ligne et je suis tombée sur d’horribles histoires relatant comment des filles de tous âges sont victimes de la traite de personnes. Des millions de filles vivent dans l’obscurité, en particulier dans les zones rurales où l’accès à Internet est inexistant.

Elles n’ont même pas conscience des risques. Dans le cadre de mes études en master, j’ai choisi d’axer mes recherches sur la question de la traite des femmes et, en 2016, j’ai créé la première organisation de lutte contre la traite des êtres humains en Tunisie.

Le Programme d’action de Beijing est toujours d’actualité et de nouveaux défis doivent être relevés

Dans la région arabe, peu de pays s’attaquent à la traite des êtres humains. La Tunisie dispose désormais d’une loi et d’un comité national contre la traite des personnes. Quelques organisations travaillent sur la question en Égypte et certains travaux sont en cours en Jordanie et au Liban. Quand bien même ce fléau fait des millions de victimes, je ne détecte aucun sentiment d’urgence dans la lutte contre ce crime.

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« Je veux que les filles aient le pouvoir de vivre pleinement leur vie. »

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L’accent doit être davantage mis sur les femmes réfugiées et migrantes. De nombreuses guerres sévissent dans la région. Beaucoup de femmes en sont les victimes. La plupart des pays de la région n’ont pas de lois qui protègent les femmes réfugiées et migrantes.

Agissons ! Tout le monde a un rôle à jouer.

Le plus gros problème de la traite des êtres humains est le manque de sensibilisation. Vous croisez peut-être une victime chaque jour, mais vous ne pouvez pas l’identifier parce que vous ne savez pas en reconnaître les signes.

Parmi les survivantes que j’ai rencontrées, nombreuses sont celles qui savent qu’il leur est arrivé quelque chose de mal, sans en connaître le nom.

La traite des êtres humains devrait être un sujet enseigné dans les écoles. On devrait en parler aux informations. Il s’agit de l’un des crimes les plus rentables et les chiffres augmentent.

Les jeunes peuvent agir en faveur de la lutte contre la traite des êtres humains. N’attendez pas que les choses bougent d’elles-mêmes. Contactez dès aujourd’hui une organisation de votre communauté locale et soutenez ses efforts. Exhortez vos gouvernements à ratifier le Protocole de Palerme et à créer leurs propres lois locales ou nationales pour répondre au problème de la traite des personnes dans leur contexte local.



Racha Haffar, 30 ans, est une militante tunisienne récompensée pour son travail en faveur des droits des femmes. Elle est la fondatrice et la présidente de Not 4 Trade, la première ONG de lutte contre la traite des êtres humains en Tunisie. Elle est membre du Groupe de travail sur la jeunesse Beijing+25 d’ONU Femmes.

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