Tracer une nouvelle voie : les femmes présentes autour des tables de négociations de paix au Myanmar
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Cette semaine, à l' occasion du 12ème anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, ONU Femmes, en partenariat avec les organisations non lucratives Swisspeace et Shalom Foundation, organise un cours de formation sur la consolidation de la paix et la négociation à l'intention des femmes de Yangon, au Myanmar. Ce cours vise à renforcer les compétences et la confiance des femmes, en leur donnant les moyens de jouer un rôle plus important dans les négociations de paix.
Mi Kun Chan Non, représentante de l'organisation de femmes Mon, et l'une des deux seules observatrices des pourparlers de paix de Mon, a exprimé l'espoir que l'atelier permettra de « mieux faire entendre la voix des femmes autour des tables de négociation de la paix, grce au partage des expériences collectives et au renforcement des réseaux de négociatrices ».
Plus de 15 processus de paix sont actuellement en cours au Myanmar. Des progrès rapides ont été accomplis à cet égard, des accords de cessez-le-feu préliminaires ayant été conclus avec la plupart des groupes armés ethniques.
La plupart de ces processus sont menés par des négociateurs masculins, la participation des femmes demeurant minimale. Du côté gouvernemental, on ne compte que deux femmes au sein du Comité de travail de 52 membres œuvrant dans le cadre du Comité de la paix de l'Union. Le Karen est le seul groupe ethnique à comprendre une négociatrice en chef et à faire participer plusieurs femmes aux négociations en tant qu'expertes ou observatrices. L'organisation Mon compte une femme au sein de son équipe de négociation et deux femmes observatrices. Les autres groupes ethniques ne comportent aucune femme au sein de leur équipe.
Pour la première fois, une formation de quatre jours a réuni 20 femmes de sept groupes ethniques différents, dont Bamar, Chin, Kachin, Karen, Kayah, Mon et Shan, en vue de discuter du rôle des femmes dans la consolidation de la paix au Myanmar, et de perfectionner leurs compétences afin de leur permettre de participer aux processus de paix. Si la plupart d'entre elles sont issues de la société civile, certaines viennent du gouvernement, l'une d'elle étant membre du parlement.
« Le fait d'entendre les expériences des femmes de Karen qui participent aux pourparlers de paix m'a donné du courage et convaincue que les femmes peuvent être des négociatrices » souligne la représentante du Parti progressiste national Karenni.
La formation a été précédée de discussions d'une journée entre pairs, dans le cadre desquelles un groupe réduit de dirigeantes ont parlé de la situation conflictuelle actuelle qui règne au sein de leurs communautés ainsi que de leurs expériences et défis personnels pour ce qui est de revendiquer leur place dans les processus de paix.
Le document publié en 2012 par ONU Femmes, «La participation des femmes aux négociations de paix : liens entre la présence et l'influence » indique que l'exclusion des femmes et l'absence d'expertise sur les questions de genre peuvent conduire à des lacunes irréversibles au niveau des droits des femmes. Les questions cruciales liées au conflit qui préoccupent les femmes, telle que la violence à l'égard des femmes, sont passées sous silence et ne sont donc pas traitées dans le cadre des protocoles d'application des accords de paix.
La résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, sa résolution connexe 1889 (2009) ainsi que la résolution 1/65/L/79 (2011) de l'Assemblée générale affirment que la sécurité, le bien-être et le leadership public des femmes sont au cœur de la prévention et du règlement des conflits. Toutefois, un examen des 31 pourparlers de paix conduits par ONU Femmes depuis 1992 montrent que les femmes constituent seulement 9 pour cent du nombre total des négociateurs participants.
L'atelier organisé cette semaine par ONU Femmes à Yangon sera suivi d'un processus de mentorat de six mois à l'intention d'un groupe de dirigeantes.