Les femmes actionnaires dans les conseils d’administration des entreprises jamaïcaines sont prêtes à obtenir leur juste part
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Dans un monde où les affaires demeurent dominées par les hommes, une nouvelle coalition formée en Jamaïque travaille à ouvrir l'accès des salles de conseils d'administration aux femmes et à œuvrer ensemble afin que les femmes puissent réaliser leur potentiel sur le plan du leadership.
Seulement 17,36 pour cent des membres des conseils d'administration des 53 entreprises cotées à la bourse jamaïcaine, « le Jamaica Stock Exchange (JES) », sont des femmes. Dix de ces entreprises ne comprennent aucune femme au sein de leur conseil. Décidée à s'attaquer aux racines mêmes de ce manque d'équité, une coalition de femmes jamaïcaines a choisi de passer à l'action.
« Étant donné les capacités que possèdent de nombreuses femmes - et compte tenu des statistiques en matière éducative - il y a tout lieu de se demander : pourquoi les femmes ne sont-elles pas mieux représentées au sein des conseils ? » s'interroge Marlene Street Forest, Directrice générale du Jamaica Stock Exchange. « Notre idée est de mettre les femmes et leurs capacités en valeur, et de souligner le fait qu'elles sont désireuses d'apporter leur contribution ».
La 51 % Coalition, un groupe de mobilisation, lance un appel pour que davantage de femmes achètent les actions des entreprises du secteur privé, et offre une formation sur la gouvernance du secteur des entreprises et du secteur public, afin de les aider à mieux réaliser leur potentiel économique.
Le groupe comprend des femmes propriétaires d'entreprises, des organisations du secteur privé, des organisations non lucratives telles que « le Women's Resource and Outreach Centre (WROC) » et « le Friedrich Ebert Stiftung for Jamaica and the Eastern Caribbean ». La coalition vise à utiliser la légitimité que confère la prise de participation dans le capital d'une entreprise comme moyen de pression pour promouvoir un meilleur équilibre entre les genres, ainsi que la présence des femmes au sein des conseils d'administration et aux réunions générales annuelles dans toute la Jamaïque.
Les formations montrent également pourquoi il est important de mettre l'accent sur l'égalité des sexes. Les classes examinent la manière dont le développement national peut toucher les femmes de manière différente et la façon dont les femmes se classent au niveau de la création de richesses. Elles se penchent aussi sur les résultats des recherches mondiales réalisées sur l'impact positif de la présence des femmes au sein des conseils.
Le travail de la coalition s'appuie sur son programme concernant le leadership transformationnel des femmes en Jamaïque. Appuyé par ONU Femmes et mené à bien depuis 2011, il défend l'utilisation de quotas en vue de renforcer la participation des femmes à la gouvernance et à la prise de décisions, sur les plans politique, économique ou social. La coalition, dirigée par les membres du WROC, promeut les quotas en tant que voie la plus rapide vers l'égalité des sexes. Ces membres tiennent toutefois également à montrer aux femmes que, par leur qualité d'actionnaires, elles peuvent renforcer leur autonomisation et provoquer des changements.
« Pour ne serait-ce que commencer à faire changer la façon de penser du secteur privé, qui est encore plus conservateur, nous avions besoin de faire partie nous-mêmes du secteur des entreprises » explique Judith Wedderburn, membre de la coalition, et Directrice du « Friedrich Ebert Stiftung for Jamaica and the Eastern Caribbean ».
« Un noyau de femmes a décidé d'acheter un certain nombre d'actions en vue de nous permettre de participer aux réunions, et ont mis les questions de genre sur la table. Nous savons que cela ne sera pas facile, car nous ne sommes pas des actionnaires principaux, mais nous aurons au moins entrouvert une porte ».
Mme Forest remarque que cette approche subtile a pris racine au sein de la bourse. Des réunions ont été organisées entre des membres de « la 51 % Coalition » et des représentants des entreprises listées, le groupe étant convié à faire des présentations aux Présidents-directeurs généraux de ces entreprises.
Elle remarque que « le Jamaica Stock Exchange » a invité les membres de la coalition à publier des articles sur son site Internet, l'un des plus consultés du pays. « Nous ne pensons pas qu'une femme ou un homme devrait siéger au sein d'un conseil seulement parce que c'est un homme ou une femme, mais plutôt que chacun est en mesure d'apporter sa contribution sur la base des besoins du conseil, et de contribuer à son fonctionnement efficace » estime Forest.
Bien qu'aucune date limite n'ait été fixée pour réaliser l'équilibre entre hommes et femmes au sein des conseils, certains résultats flagrants apparaissent déjà. Lors de la remise, l'an prochain à la bourse, des Prix des meilleures pratiques de bonne gouvernance dans l'industrie, une feuille de résultats pour les entreprises engagées dans la diversité des genres sera présentée.