Où je me tiens : Haidara Djeneba Sy
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L’extrémisme a commencé à se propager lentement, comme un cancer, quand le conflit a éclaté en 2012. Aujourd’hui, il y a tout lieu de craindre la radicalisation des jeunes et leur recrutement par des groupes extrémistes.
En tant que femmes, et comme leaders religieuses, nous avons un rôle à jouer pour faire face à ce danger. En tant que mères, sœurs, épouses, enseignantes et aidantes, ce sont nous qui sommes les plus proches de nos enfants. Comme leaders, on nous fait confiance. Nous sommes en mesure d’influencer leurs décisions si nous commençons à affronter les risques dès le plus jeune âge.
Les femmes musulmanes [au Mali] se considèrent souvent comme étant destinées à rester au foyer. Des traditions créées par des hommes ont conduit à croire que les femmes seraient inférieures aux hommes. Or, cela n’est pas ce qu’enseigne le Coran. Comme leader religieuse, je suis à même de parler à d’autres femmes, de les aider à comprendre qu’elles possèdent des droits égaux.
Je m’attache à prêcher, à éduquer et à sensibiliser des femmes et des hommes au moyen d’exemples, des exemples très pratiques, et tirés de la vie du Prophète. Je leur rappelle que l’Islam respecte les femmes, encourage l’autonomisation économique des femmes.
Il n’est pas facile d’être une leader religieuse. On attend des femmes de foi qu’elles se tiennent en retrait, au lieu de se tenir aux côtés des hommes. Quant aux hommes de foi, souvent ils agissent premièrement en leur qualité d’hommes, afin de préserver leurs intérêts d’hommes.
Nous, les femmes de foi qui assumons des rôles de leaders, nous devons persévérer et plaider pour nos droits. Nous avons à faire entendre notre voix, perfectionner nos qualités de leaders, et insister sur notre autonomisation économique.
Selon un dicton de mon pays, « un sac vide ne tient pas debout ». Nous pouvons influencer notre jeunesse et notre nation, mais pas si nous sommes pauvres et dans des positions de faiblesse. »
Haidara Djeneba Sy, est une leader religieuse originaire de Yirimadio (Bamako), au Mali. En mai 2016, elle est devenue la première vice-présidente de l’Union des Jeunes Musulmans du Mali (UJMMA). ONU Femmes collabore au Mali avec l’UJMMA à des initiatives de consolidation de la paix. Elle a appuyé le Troisième Forum national de l’UJMMA, qui été l’occasion d’une session spéciale consacrée aux rôles des femmes musulmanes dans la lutte contre l’extrémisme religieux. L’activité de Djeneba Sy contribue à la réalisation de l’Objectif 1 des Objectifs de développement durable (ODD) sur l’élimination de la pauvreté en veillant à ce que toutes les femmes et tous les hommes jouissent de droits égaux aux ressources économiques ; à l’Objectif 5, qui appelle à la participation des femmes aux postes de direction et de décision à tous les niveaux et à leur accès égal aux ressources économiques ; à l’Objectif 8, qui vise à promouvoir une croissance économique inclusive et durable, l’emploi plein et productif, et le travail décent pour toutes et tous ; et à l’Objectif 16, qui vise à instaurer des sociétés pacifiques et inclusives et à renforcer, à tous les niveaux, les capacités pour prévenir la violence et combattre le terrorisme et la criminalité.
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